«Elle avait la peau aussi douce que les pétales d'une rose mais le cœur écorché par ses épines.»
Elle souriait. Toujours. Depuis sa naissance, elle avait toujours ce visage souriant que pouvait haïr beaucoup de personne. Elle savait qu’elle était différente, elle en avait conscience, mais ne faisant rien pour changer ça. Pourquoi ? se disait-elle. Elle était bien comme elle était, elle s’assumait. Elle est née comme ça, et mourra comme ça. On ne change pas, on reste toujours comme l’on est. On adapte juste des comportements différent au cours de notre vie, mais en aucun cas on ne change. C’est.. impossible. Nous sommes acteurs. Peu importe ce qui peut se passer, c’est ainsi. Acteur de notre vie, de notre propre film, juste acteur. On ne choisit pas le déroulement du film, le début, ou la fin. Et ça, elle l’avait compris, rapidement. Elle n’avait pas besoin d’attendre le diagnostic du docteur,elle voyait tout lorsqu’elle se regardait dans le miroir. Ce reflet lui plaisait, et elle pouvait se contempler des heures. Toujours en souriant de sa différence.
Votre enfant est atteinte de schizophrénie. Rien de très grave pour le moment, mais il peut s’avérer qu’elle adopte un comportement violent, agressif. On a détecter des caractéristiques menant à la pyromanie aussi. C’est très rare pour un enfant de cette âge.. Il serait préférable, si cela devient impossible, de l’interner. Elle pourrait rapidement devenir instable. J’en suis désolé.
Le visage de ses parents restait vide, tout le temps. Chaque moment passé avec leurs filles devenait invivable, il n’était plus possible pour eux de s’occuper d’elle. A plusieurs reprise, elle avait tenter de planter un camarade avec sa paire de ciseaux, ou de mettre feu à sa chambre. Malgré les punitions, elle continuait. Elle était comme ça et ne pouvait rien faire pour changer. Ses parents en étaient venu aux coups, mais peu importe, ils savaient qu’ils devaient s’en séparer. Ca ne changeait grandement le comporte d’Eleonore face à ses parents, comme si, elle s’en fichait.. ou qu’elle savait qu’elle allait devoir partir à un moment ou à un autre. C’est donc à l’âge de huit ans, qu’elle se fit interner dans le grand hôpital psychiatrique qui se trouvait à cinq villes d’ici.
Sans grande surprise, elle était la plus jeune. Ce qui la rendait plus effrayante aux yeux des psychologues et du personnels. Ils connaissaient tous son dossier, son passé et son futur. Elle resterait ici jusqu’à ce qu’elle se soigne disaient-ils. Comment pouvoir se soigner de soi-même, de sa façon d’être, d’exister ? Bien sûr, tout ceci était impossible pour Eleonore. Elle savait qu’elle resterait ici jusqu’à sa mort.
— The “what ifs” and “should haves” will eat your brain.
Dix ans passèrent, dix ans qu’elle n’avait plus jamais revu signe de ses parents, de sa famille. Dix ans qu’elle était enfermée là, avec ces autres fous et ce personnel encore plus.. stupide les uns que les autres. Dix ans que son activité préférée était de regarder le plafond de sa soi-disant “chambre”. Il n’y avait rien de personnel, les murs étaient blanc, le sol et le plafond aussi. Il y avait un bureau à droite de la porte contre un mur, avec des feuilles de dessin, des crayons et des petits livres. Les livres plus imposant étaient interdit pour elle, ayant brisé les vitres de sa porte avec l’un d’eux il y a deux ans. Puis un lit, de drap blanc, contre un mur au fond. La seule chose qui lui appartenait depuis toujours était une peluche, en forme de nounours, double-face. Blanc d’un côté, noir de l’autre. Elle l’avait nommé Monokuma. Elle ne la quittait jamais, elles étaient toujours ensemble. C’était la seule “personne” à qui elle parlait, à qui elle racontait ses pensées et ses envies. Une fois, elle a à un des psy qu’elle lui répondait. Les psychologues ont dit qu’elle formait sa schizophrénie dans sa peluche, et que c’était une bonne chose, comme un début de guérison. Eleonore n’y croit pas. Elle se trouve normal, pense qu’elle l’a toujours été d’ailleurs.
— I'm afraid, I can't explain myself, sir. Because you know, I'm not myself.
Un jour, un personnel toqua à sa porte pour lui apporter du courrier, elle qui n’en recevait jamais. C’était une lettre, aux allures royal, elle était déjà ouverte. L’hôpital surveillait chaque lettre, chaque colis que recevait les patients, c’était ainsi. Ca ne l’a dérangeait pas plus. Curieuse, elle se pressa de lire la lettre avec Monokuma à voix haute. Son visage resta vide. Aussi vide que ceux de ses parents, dans son enfance. Tout les souvenirs remontèrent d’un coup, sans aucune réelles raison. Elle était contente de son trou noir pourtant, mais tout se détruisit, huit ans de douleur pour ses parents.. Elle avait l’air triste, mais elle se mit à rire, rire très fort dans sa chambre. Elle devait partir. Elle n’en pouvait plus de cette vie, enfermée entre ces quatre murs avec toujours le même menu au petit déjeuner, toujours les mêmes fou qui viennent te sauter dessus durant les pauses. Toujours les mêmes marques sur tes bras, sur tes cuisses. Toujours ce même regard et ce sourire sur ton visage. Tu venais au point de te détester, toi qui n’avait pour seul Dieu ton existence. Tu étais maintenant une schizophrène, aux tendances à la pyromanie, qui se détestait d’être comme ça mais en riait. Sale folle murmurait tous. Mais tout ceci allait changer.
S’ils avaient lu la lettre, ils étaient au courant de son contenue. Du “plan” disait-elle. Mais elle était rusée, la folle. Intelligente et sournoise, elle ne comptait pas se faire attraper comme ça. Le soir même, après avoir fait rapidement un sac contenant tout ce qui se cachait dans la doublure de son oreiller, elle s’échappa par les conduits d’aérations. Elle devait faire vite, les vigiles ne dormaient pas la nuit, tout le monde le savait. Rapidement, elle se trouva dehors et s’empressa d’aller jusqu’à la barque. Elle étouffait, parmi tout ces fous dont elle faisait partit.
— I am both happy and sad at the same time, and I'm still trying to figure out how that could be.