Ce qui promettait d'être une journée comme une autre à Eriel changea du tout du tout en un instant.
Il est curieux de voir combien une seule rencontre peut modifier la donne et basculer un destin. Dans le cas de Dražen, son choix aurait de lourdes répercussions sur le contenu de sa journée. Car, au lieu de tourner à gauche comme il en avait l'habitude, il tournait à droite. C'était un geste a priori anodin, c'était bien pour cela qu'il l'avait commis. Mais du coup, il passa devant un petit buisson sans se méfier, quand il entendit celui-ci bruisser. Le jeune homme se figea sur place, curieux plus qu'effrayé. S'il avait un admirateur secret, celui-ci ne savait vraiment pas comment se cacher...  Il se tourna donc vers le buisson, et fut surpris quand il se rendit compte que son admirateur était en fait une adorable boule de poils. Le jeune homme soupira. Il n'aimait guère les animaux, en particulier quand ils avaient plein de poils car ils en mettaient partout. Sa première réaction fut donc de laisser la bête là où elle était et de partir très loin. Cependant, quelque chose attira son attention. La bestiole étrange portait un collier rouge. Un habitant doit l'avoir perdue, songea-t-il en s'approcha d'elle. L'animal ne s'enfuit pas à son approche, le laissant donc se pencher vers lui et observer le nom qui était gravé sur la médaille. Malice. « Hé bien, Malice, tu t'es perdu ? Tu veux que je te ramène ? » : demanda Dražen non sans une pointe de moquerie. Pour toute réponse, l'animal se contenta de se frotter à ses jambes – le jeune homme se retint de grimacer : bon sang qu'il détestait cela ! – et partit en avant, comme s'il l'invitait à le suivre. Le Croate le regarda un instant à travers ses lentilles de couleur, puis décida de le suivre malgré tout.  Lui aussi pouvait se montrer serviable, s'il y trouvait son compte, ce n'était pas réservé aux personnes « gentilles ». Aussi le laissa-t-il le guider.

Il le mena à un immense escalier en pierres que Dražen n'avait encore jamais vu, n'ayant pas observé Eriel de fond en comble. Joli ouvrage, mais il n'y avait personne. Ah, si, là, Dražen aperçut un autre homme qui arrivait avec la même bestiole. Et ça, ce n'était pas normal. Malice avait-il un sosie ? Si c'était le cas, c'était quand même curieux de les voir amener chacun quelqu'un à cet endroit. Surtout que l'autre, a priori, paraissait assez différent de Dražen. Le jeune homme l'étudia attentivement, comme il avait l'habitude de le faire du temps où il avait encore de mauvaises habitudes. Il essayait de voir s'il y avait moyen de se servir de ce que l'autre lui proposait pour, peut-être, comprendre pourquoi il était là et se venger de celui qui pensait le manipuler, lui. Ses réflexions furent interrompues par un drôle de phénomène : voilà que Malice bis vint se... se fondre dans le corps de Malice un, ou quelque chose dans le genre. Dražen cligna des yeux plusieurs fois pour s'assurer que c'était bien réel. En tout cas, là où il y avait deux animaux, il n'y en avait plus qu'une. « Bah ça alors. » : souffla-t-il d'un air ébahi. La créature avait-elle cherché à le faire rencontrer ce type ? Si c'était le cas, elle aurait pu lui demander son avis d'abord. Il se retourna vers l'autre, le saluant de la main d'un air, il faut le reconnaître, un peu bête. « Euh, salut, elle est à toi cette bestiole ? » : demanda Dražen. Après tout, c'était peut-être parce que c'était son propriétaire que Malice l'avait amené là, pour ce qu'il en savait. Le jeune homme n'avait cependant pas l'air de l'être, vu la manière dont il regardait Malice. A sa place, Dražen se serait précipité pour caresser l'animal qui s'était échappé. Enfin, il devait y avoir autre chose. Malice n'avait pas totalement terminé son manège, il semblait qu'il les invitait à le suivre de nouveau.

Tu étais entièrement trempé, et par la même occasion, tes clopes aussi ; Ce qui te mit dans une rage extrême. Tu n'avais absolument pas dormi de la nuit et l'une de tes cordes de guitare s'était pétée. On pouvait clairement dire que ta journée promettait d'être joyeuse, tout comme ton humeur. Tout ce que tu voulais pour le moment, c'était des vêtements propres et un bon repas.. comme, des pan cakes. Qu'est-ce que ça te manquait, les pan cakes au petit déjeuner, avec un bon sirop d'érable dessus. Ou alors tu pouvais aller te coucher au chaud sous la couette de ton lit, mais il y avait un petit problème : ton lit n'est pas ici. Ni ta chambre, ni ta cuisine, ni tes WC. Dans l'espace d'une seconde tu avais oublié que tu étais coincé sur cette île. Il t'arrivait d'en être content, et à d'autre instant, comme celui-ci, de te haïr au plus haut point d'avoir pris la rive pour arriver ici. Franchement, qu'est-ce qui t'était passé par la tête à ce moment-là ?

Tout de même, tu continuas ta quête à la recherche de vêtement et de nourriture. Jusqu'au moment où l'idée folle de chasser fit apparition lorsque tu vis le buisson à ta droite bouger. Bien sûr, chasser. Mais avec quoi ? Tu t'en foutais un peu, tu pouvais y arriver à main-nues. Enfin c'est ce que tu pensais jusqu'à ce que tu vis la petite boule jaune sortir de ce buisson.. elle était beaucoup trop mignonne pour être mangé. La boule de poil se frotta à tes jambes, te laissant une bonne poignée de poil sur ton jean. Tu te penchas vers celle-ci et la caressa, tu pus voir sur son médaillon le prénom de Malice. Cette bestiole avait tout l'air de t'inviter, au moment où elle se mit à avancer. Tu la suivi, peut-être allait-elle t'amener à une belle demoiselle qui te donnera ce que tu recherches, et voir peut-être plus.

Tu arrivas devant un immense escalier, assez voyant, tu te demandais pourquoi tu ne l'avais pas vu plus tôt en te promenant dans Eriel. Passons. Tu regardas autour de toi lorsque Malice s'arrêta, tu crus voir double. Un blondinet avait un clone de Malice.. Qui ne le fût plus très longtemps lorsqu'ils.. comment expliquer ça.. firent plus qu'un ? Tu n'avais pas vraiment l'air plus choqué que ça, surement dû au manque de nicotine. Par contre, le garçon s'approcha de toi, dressant sa main pour te faire signe en te demandant si Malice t'appartenait. Bon, il y avait surement une raison à tout ça, au fait que Malice vous ai emmené ici tous les deux.. alors tu n'allais pas jouer les antisocial. « Je comptais te poser exactement la même question.. » répondis-tu en esquivant un rire gêné. Malice avait tout de même pas fini son "plan" et avait l'air décidé à vous emmener autre part.

Il ne savait pas à qui était Malice, et l'autre ne le savait visiblement pas. Hé bien, ils étaient bien avancés. Peut-être que dans les faits, Malice n'appartenait à personne - ou alors cela ne comptait pas. Mais le jeune Croate arrogant n'allait pas croire pour autant que Malice l'avait amené là pour un plan drague ou quelque chose dans ce genre - il avait cessé ses activités, du moins officiellement. Il contempla donc l'autre homme en essayant de le voir non comme une proie, mais comme quelqu'un qui pourrait être intéressant en lui-même - non parce qu'il était riche, puissant, influent. Dražen décida donc de se présenter, c'était la moindre des choses après tout, quand on rencontrait un inconnu. « Je m'appelle Dražen, et toi ? » L'autre allait très certainement avoir du mal à prononcer son nom, étant donné qu'il n'était sans doute pas croate - il allait donc sans doute l'appeler de travers, mais peu importait. Il lui tendit la main, ne sachant pas si l'autre allait la serrer ou pas. Cependant, il ne devait pas avoir d'idée négative à son sujet, ce qui était un bon départ.

Malice, cependant, n'en avait pas terminé avec eux, et continuait son manège, souhaitant décidément les emmener en un autre lieu. Le jeune homme soupira. L'autre ne savait sans doute pas pourquoi la créature leur était apparue et faisait le mariole, mais c'était peut-être important. Comment savoir, sur cette île où rien ne paraissait compréhensible ? Les gens étaient des automates, on vous menaçait sans vous dire pourquoi, et personne ne savait ce qu'il faisait ici. Un endroit de fou. « Je suppose qu'elle veut nous emmener quelque part... Je ne sais pas toi, moi, je n'ai pas particulièrement envie de la suivre, cela dit, je pense qu'elle va continuer à nous harceler donc... on y va ensemble, c'est ça ? » Sans doute encore un coup de ceux qui avaient tout orchestré et qui les manipulaient. Dražen n'appréciait vraiment pas quand on se moquait de lui. Il aimait être le maître de la situation, pour lui, rien n'était plus important que d'avoir toutes les cartes en main. Comment devenir président de Croatie si on ne prenait pas en main son destin, et qu'on laissait des détails s'immiscer dans ses plans ? « Peut-être qu'elle a pitié de nous et veut nous montrer un moyen de quitter cette île. » : ajouta Dražen d'un ton dépité, sans trop y croire. Ou peut-être que c'était un piège pour les amener à un lieu où ils seraient confrontés à une épreuve où un seul des deux pouvait s'en sortir. Le jeune homme soupira, ne trouvant vraiment pas cela drôle, mais commença à emboîter le pas à la bestiole, croisant les doigts pour que ce qui allait leur tomber dessus serait plutôt à leur avantage...